• Le lac

    Expositions-Musées

     par Henri Decaisne 

    Alphonse de Lamartine

      Marie Louis de Prat de Lamartine (nom complet)

      Mâcon le 21 octobre 1790 - Paris le 28 février 1869

     est un poète, romancier, dramaturge et prosateur en même temps qu'un homme politique français,

     le brillant orateur  qui proclama et dirigea la Deuxième République.

     Il est l'une des plus grandes figures du romantisme en France.

    Il naît dans une famille de petite noblesse attachée au roi et à la religion catholique et à sa ville natale.  

     

    L'un des poèmes les plus célèbres des Méditations est  le Lac ,

    De 1816 à 1830, Lamartine (1790-1869) a séjourné huit fois à Aix-les-Bains.

     


    C’est au cours de son premier séjour, du 6 au 26 octobre 1816, à la Pension Perrier, qu’il rencontre la passion.
     Elle se nomme Julie Charles, de six ans son aînée, épouse de l’illustre physicien Jacques Charles.
    Julie est logée dans la chambre qui jouxte celle de Lamartine.
     Le 10 octobre 1816 celui-ci la sauve d’un naufrage au cours d’une tempête sur le lac du Bourget.
     Il écrira : «j’ai sauvé avant hier une jeune femme qui se noyait, elle remplit aujourd’hui mes jours».
    Ensemble, ils parcourent les sites du Bourget. Puis ils se séparent et se reverront à Paris.
     

    Du 21 août au 17 septembre 1817, Lamartine séjourne à la Pension Perrier.
     Julie est très malade et ne peut le rejoindre.
     C’est au cours de ce séjour qu’il compose «Le Lac», à l’intention de la chère absente.
     Dans ce poème, il donne à Julie le nom d’Elvire.
     Il emprunte ce prénom générique à Parny, poète mondain de l’époque.
     Lamartine le donne régulièrement à l’être aimé. Julie meurt le 18 décembre 1817.
     La douleur de Lamartine est terrible.
    Ainsi, Julie reste «l’inspiratrice incomparable du poète».
     «Lamartine n’est devenu Lamartine qu’après sa rencontre avec Julie» disait l’Académicien René Doumic.
     

    En 1819, il fut présenter à Miss Marianne Elisa Brich, une jeune anglaise protestante, rencontrée lors du mariage de sa sœur Césarine. Juste après il eut une liaison de cinq mois avec la Princesse Léna de Larch. Au cours du mois d’août 1819, il demanda Miss Birch en mariage lors d’une retrouvaille à Aix-les-Bains. Le château de Caramagne fut loué en 1820 à la Marquise de La Pierre, par Madame Birch, dont la fille allait devenir la femme du poète Alphonse de Lamartine. Leur contrat de mariage fut signé dans le grand salon du château le

    25 mai 1820 et la cérémonie religieuse se déroula à la Sainte-Chapelle du château ducal de Chambéry. En mars 1820 la parution des "Méditations poétiques" connaîtra un grand succès. Trois mois plus tard il se maria avec Miss Brish à Chambéry et il devient attaché d’ambassade à Naples. En 1821, le couple quitta Naples pour Rome où en février naîtra leur premier fils, Alphonse. Ils viendront ensuite s’installer au château de St Point, dans le Maçonnais où naîtra en juin de l’année suivante leur fille Julia. En novembre survint le décès de leur fils Alphonse. En 1823, il publia "La mort de Socrate" et les "Nouvelles méditations poétiques". Il vit sa demande d’admission à l’Académie Française rejetée en 1824 et cette même année il enterra ses sœurs Césarine et Suzanne. En 1825, la mort de Lord Byron, lui inspira les 2000 vers, repartis en 49 sections "Le chant du pèlerinage d’Harold". Charles X, Roi de France, lui confiera ainsi qu’a Victor Hugo, la croix de la Légion d’Honneur et sera nommé secrétaire d’ambassade à Florence puis chargé d’affaires de France en Toscane. Son retour en France en 1828, le plongea dans une grande tristesse, il écrivit "Novissima Verba" poème de désespoir, sous le tire "Mon âme est triste jusqu'à la mort".   

    Le Lac est devenu le poème immortel de l'inquiétude devant le destin,

    de l'élan vers le bonheur et de l'amour éphémère qui aspire à L'Éternité.


     

    Le lac

    Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
    Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
    Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
    Jeter l'ancre un seul jour ?

    Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
    Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
    Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
    Où tu la vis s'asseoir !

    Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
    Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
    Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
    Sur ses pieds adorés.

    Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
    On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
    Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
    Tes flots harmonieux.

    Tout à coup des accents inconnus à la terre
    Du rivage charmé frappèrent les échos ;
    Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
    Laissa tomber ces mots :

    " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
    Suspendez votre cours :
    Laissez-nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours !

    " Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
    Coulez, coulez pour eux ;
    Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
    Oubliez les heureux.

    " Mais je demande en vain quelques moments encore,
    Le temps m'échappe et fuit ;
    Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
    Va dissiper la nuit.

    " Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
    Hâtons-nous, jouissons !
    L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
    Il coule, et nous passons ! "

    Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
    Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
    S'envolent loin de nous de la même vitesse
    Que les jours de malheur ?

    Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
    Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
    Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
    Ne nous les rendra plus !

    Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
    Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
    Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
    Que vous nous ravissez ?

    Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
    Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
    Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
    Au moins le souvenir !

    Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
    Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
    Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
    Qui pendent sur tes eaux.

    Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
    Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
    Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
    De ses molles clartés.

    Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
    Que les parfums légers de ton air embaumé,
    Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
    Tout dise : Ils ont aimé !  


    (Recueil : Méditations poétiques)

    Les Méditations se présentent comme une sorte de rêverie mélancolique sur le thème de la foi et celui de l'amour.

     

     La fin de sa vie fut marquée par des problèmes d’argent, dus à sa générosité. Il revint un temps à ses souvenirs de jeunesse pour écrire des poèmes, mais il dut très vite revenir à du concret. La qualité de ses œuvres s’en ressenti. A la fin des années 1860, il fut quasiment ruiné et dut vendre sa propriété à Milly et accepter l’aide d’un régime qu’il réprouva. En 1867 il fut frappé d’Apoplexie et perdit la raison et l’usage de la parole. Il mourut deux ans plus tard suite à une seconde apoplexie le 28 février 1869.

       

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