• Le Fouquet's

     

     

     

    Le Fouquet's

     

    1942 

     

     

    En 1899, Louis Fouquet s’installe au 99 avenue des Champs-Elysées,

    en rachetant un estaminet de cochers situé à l’angle de l’avenue George V.

    A  l’instar de Maxime Gaillard lequel a anglicisé son prénom en créant le restaurant Maxim’s,

      Louis Fouquet ajoute un "s" pour baptiser son débit de boisson.

    (au numéro 99 se trouve l'unique commerce autorisé, le café The Criterion,

    où s'arrêtent les cochers de fiacre de retour ou en attente d'une course à Longchamp.)

    Un certain Louis Fouquet, gendre de monsieur Tabary, propriétaire du célèbre restaurant Maire,

    cherche à exploiter le carnet d'adresses de son beau-père.

    Devinant une clientèle potentielle chez les habitants des riches hôtels particuliers

    de l'avenue en plein développement, il acquiert The Criterion en 1899 (1902, disent certains).

    L'enseigne affiche "American drinks, cocktails" et propose des "grillades à la britannique"

    facturées très cher, snobisme oblige. Le lieu est rebaptisé Fouquet's,

     

     

    Le Fouquet's

    1920

    Demi-mondain

     


    Lorsque Fouquet disparaît, en 1905, surgit Léopold Mourier, ancien de chez Maire.

    Des travaux somptuaires, de l'acajou à tout-va et le parti pris d'une cuisine élaborée

    consacrent l'adresse que se met à fréquenter le Tout-Paris politique (Raymond Poincaré),

    demi-mondain (Liane de Pougy), haute couture (Poiret), aviateur (Santos-Dumont atterrit en face),

    automobiliste (Bugatti), théâtral (Brasseur), littéraire (Colette), musical (Rubinstein), militaire (Lyautey)

    et cosmopolite (l'Aga Khan). Selon le dramaturge et réalisateur Yves Mirande,

    le mouvement dada y serait né. En 1913, Theodore Roosevelt y déjeune avec Aristide Briand,

    sans empêcher la guerre pour autant. Tournedos Rossini, sole au champagne, bécasse flambée,

    soufflé Grand Marnier y font un malheur. Seul bémol: un petit écriteau prévient que

    "les dames seules ne sont pas admises au bar". Un coup à se mettre à dos les garçonnes de jadis

    et le MLF de naguère. L'interdiction est maintenue jusque dans les années 1980...

    Cette interdiction se révéla utile pendant la Première Guerre mondiale.

    Le bar est alors envahi par les pilotes de chasse (Navarre, Fonck, Guynemer),

    venus renouer avec la vie après les combats aériens de la journée et arroser leurs victoires.

    Les dames auraient été sans doute choquées par leurs excès de langage.

     

     

    Le Fouquet's

     

    Joseph Kessel, soiffard s'il en fut, en tirera L'Equipage. Le bar est rebaptisé "bar de l'Escadrille". 

    Le journaliste et écrivain Raymond Castans rappelle à son propos un dialogue de La Grande Illusion.

    "Très correct, ce cognac", constate Boëldieu (Pierre Fresnay). Réponse de Rosenthal (Marcel Dalio):

    "C'est le barman du Fouquet's qui me l'a envoyé dans une bouteille d'eau dentifrice."

    C'est aussi au Fouquet's que, la veille de la bataille de la Marne, le Kronprinz, sûr de sa victoire,

    aurait fait retenir une table afin de sabler le champagne.

    Les stars du cinéma

     

     

    Le Fouquet's

     

    1930


    Les années 30 sont marquées par l’avènement du cinéma parlant

    et l’arrivée d’une nouvelle génération d’acteurs qui contribueront à la renommée du Fouquet’s : 

    parmi eux, Raimu, Marlène Dietrich, Fernandel, Clouzot, Guitry…


    Les artistes font du Fouquet’s  leur lieu de prédilection.


    C’est au cours d’un déjeuner au Fouquet’s que Jean Gabin engagera Michèle Morgan

    pour  Quai des Brumes.

     

    Le Fouquet's

     

    Raimu en fït son bureau.

     


    Arrivent les Années folles et à Mourier succèdent Louis Barraya et Maurice Drouant,

    qui s'est fait un nom dans le monde de la table avec son Drouant de la place Gaillon,

    qui existe encore quatre-vingts ans plus tard, Goncourt compris.

    Le Tout-Paris artistique ayant déjà adopté le Fouquet's,

    il n'est pas étonnant que le cinéma y fasse son trou au moment où ses salles s'emparent des Champs.

    Le monumental Raimu donne le signal en venant habiter rue de Washington.

    Le Fouquet's est juste en face et devient son "bureau".

     

     

    Le Fouquet's

    La brasserie de luxe est le lieu où se concluent à voix basse

    les gros contrats de l'industrie cinématographique.

    Raccourci du dialoguiste Henri Jeanson:

    "Fouquet's, cet endroit où l'on discute de films dont les budgets représentent des millions,

    devant des demis dont on ne sait pas comment on va les payer."

    De La Belle Equipe de Duvivier (1936) à Tchao Pantin de Claude Berri (1983),

     

     

     

    Le Fouquet's

    36 films y auraient été signés.


    Selon le poète Léon-Paul Fargue, "Fouquet's persiste comme un organe indispensable

    à la bonne santé parisienne.

    C'est un endroit à potins d'hommes, car les hommes sont aussi concierges que les femmes".

    Le "piéton de Paris" se trompe cependant lorsqu'il ajoute:

    "C'est un de ces endroits qui ne peuvent passer de mode qu'à la suite d'un bombardement, et encore!"

     

     

    Le Fouquet's

     

    En effet, sans qu'aucune bombe ne tombe sur l'établissement,

    celui-ci souffre de la lente décadence des Champs-Elysées au cours des années 1960 et 1970.

    La mode est passée sur la rive gauche. Le Fouquet's n'est pas totalement abandonné par l'actualité

    et on y croise encore quelques célébrités. Au hasard des photos de l'époque,

    on retrouve l'abbé Pierre et Georges Marchais... séparément.


    En 1976, Drouant vend et Maurice Casanova prend. C'est à lui qu'on doit la résurrection du mythe.

    Un cas, cet homme! Pied-noir ayant quitté son "bistrot de 40 guéridons" sur la rue d'Isly, à Alger,

    il dit avoir retrouvé la même vie de village à Saint-Germain-des-Prés.

    Près du marché Saint-Germain, il crée La Petite Cour, vouée en toute simplicité au caviar,

    puis ouvre un cinéma et une brasserie rue Guillaume-Apollinaire.

    Et lorsqu'il a fait le tour de sa rive gauche, il se lance - un peu "perdu", dit-il

    à l'assaut de la rive droite.


    Une tornade s'abat sur "son" Fouquet's, dont il restaure le fameux décor de Jean Royère

    et auquel il ajoute deux terrasses couvertes.

    Casanova déborde surtout d'idées, et s'appuie sur sa ravissante et efficace fille, Jenny-Paule.

    Pour la communication, il fait confiance à Georges Cravenne, pape de l'événementiel dans la capitale.

    Le trio remplit la maison comme à ses grands jours.

    Célébrités, acteurs, écrivains: tous veulent en être.

    Mais il faut battre le fer pour que la fête renaissante continue.

    Le Fouquet's ressuscite le pot-au-feu royal de Dodin-Bouffant en trois services et douze plats.

    Il accueille surtout la Nuit des césars dès la fin des années 1970, puis la Cérémonie des molières,

    deux événements qui persistent et signent aujourd'hui.

    C'est à la nouvelle équipe du Fouquet's qu'on doit aussi les Champs-Elysées illuminés à Noël,

    le prix littéraire Marco Polo ou le prix Marco Polo de la cuisine étrangère à Paris.

    José Artur y plante ses micros du Pop-Club qui vont y faire souche pour des années.

    Le prix Louis Delluc s'y installe, le prix Roger Nimier aussi.

    Les dîners de premières théâtrales et de cinéma s'enchaînent en rafales.

    Tout va pour le mieux jusqu'en 1988.

    En fin de bail, le Fouquet's est alors menacé de disparaître pour une galerie marchande.

    Seule solution: faire classer l'endroit. Un comité de sauvegarde mené par José Artur,

    Roger Hanin et Christine Gouze-Rénal se forme avec Jean-Paul Belmondo, Jacques Chancel,

    Robert Hossein, Robert Sabatier, Odette Ventura, Henri Verneuil, Léon Schwartzenberg,

    Jean-Michel Folon et moi-même. Nous recueillons 2 000 signatures.

    Le 19 octobre 1988, Jack Lang annonce fièrement:

    "Je signerai ce soir-même l'arrêté d'inscription du Fouquet's à l'Inventaire des monuments historiques."


    Nouvelle ère


    Dix ans plus tard, l'établissement change à nouveau de propriétaire.

    Il est repris par Diane Barrière-Desseigne, la plus belle de ses habituées.

    L'héritière du groupe Barrière ouvre le Fouquet's au troisième millénaire en fanfare

    avec une déco signée Jacques Garcia qui fait événement.

    Elle connaît tout le monde, tout le monde la connaît et la suit.

    Sa personnalité, son entregent et son courage, qui auraient pu être brisés par un terrible accident,

    relancent une fête qui culmine avec les 100 ans du Fouquet's en 1999.

    Deux ans après, Diane Barrière disparaît, mais elle a relancé le navire qui court toujours sur son erre.

    L'impressionnant hôtel Fouquet's Barrière qu'elle a inspiré s'inscrit en superbe point d'orgue

    de son rêve et parachève la légende d'une institution plus que centenaire.

     

    Le Fouquet's


    Jusqu'à ce samedi rouge 18 mars 2019 ou lors d'une manifestation il est incendié...

    pendant l'acte 18 des Gilets jaune, la brasserie va devoir rester fermée

    pour une période estimée à ce stade à plusieurs mois suite aux dégâts considérables

     indiqué l'établissement à l'AFP.

     
     

     

    Le Fouquet's


    L’ auteur compositeur interprète canadien, Daniel Lavoie, nous accompagne avec son titre : Fouquet’s.


    En 1990 Jack Lang  sauve le Fouquet’s  d’un rachat par des financiers,

    désireux de transformer ce haut lieu parisien en galerie marchande,

    en l’inscrivant  à l’inventaire des Monuments historiques.


    Le Fouquet’s  est célèbre pour abriter une fête chaque année avant la cérémonie des   Césars.

    Le déjeuner des nommés, dans cette "brasserie populaire" (dixit un ancien ministre)

    sur les Champs-Elysées, est la première marche pour les artistes du  cinéma français

    en route pour la gloire.

     

    Le Fouquet's

     

    L’Académie des Césars remet un "diplôme" encadré 

    sans préjuger de l’issue de la compétition.


    En quittant le Fouquet’s, chacun repart avec un petit livret Nommé pour un César, mode d’emploi.

    Les règles d’usage en quelques pages pour se préparer à la cérémonie à venir.


    Encore quelques semaines pendant lesquelles tous les espoirs

    de remporter une fameuse statuette signée César sont encore possibles.


    C’est au Fouquet’s que Nicolas Sarkozy fête sa victoire à l’élection présidentielle du 6 mai 2007.

    Cette réception, symbolise le caractère bling-bling de la première partie du mandat

    du nouveau président de la République.

     


    Lina Renault : Le Fouquet’s m’appartient.

     

     

    Le Fouquet's


    Lina Renault, une ancienne maraîchère  bourguignonne, revendique (avec ses deux frères)

    des droits sur le restaurant Le Fouquet’s.


    Ses droits dit-elle sont fondés sur un héritage remontant à la comtesse Octavie de Coëtlogon.

    La dite comtesse, décédée en 1865 sans enfant, avait légué une partie de sa fortune à un cousin germain,

    Joseph-Paul Mauprivez. Celui ci, oncle de la grand-mère de Lina Renault, lui avait transmis son héritage.


    Depuis le décès de sa mère en 1958, Lina Renault a rassemblé les documents

    et obtenu du tribunal de grande instance de Créteil en 1978, puis de la cour d’appel de Paris en 1992,

    et du premier bureau des hypothèques de Paris en 2006, la reconnaissance du legs.


    Toutefois en juin 2008, la justice revenant sur sa décision a donné tort aux trois retraités.


    Les Renault disposeraient de « nouveaux documents »

    attestant qu’ils sont bien propriétaires du bâtiment comptent poursuivre leur action.

     

    Pour les fans d'Elvis comme moi, le Fouquet's revêt un intérêt très particulier

    puisqu'Elvis, qui effectuait alors son service militaire en Allemagne

    s'y arrêta prendre un pot en terrasse au mois de juin 1959. 

    Elvis ne tournait qu'aux Etats-Unis et pourtant entre 1959 et 1960 il se rend à Paris trois fois.

    Si ses activités dans la capitale consistaient en grande partie à faire la tournée des Grands Ducs,

    Elvis va cependant chanter au Casino de Paris pour une poignée de privilégiés.

    Line Renaud se produit au Casino de Paris, à la fin du show Elvis qui était présent, rejoint les loges.

    Line en parle toujours avec beaucoup d'émotion :

    il va improvise un "boeuf" qui durera jusqu'au petit jour armé de la guitare de Loulou Gasté 

    et accompagné du Golden Gate Quartet. Line Renaud, Loulou Gasté, leur chauffeur, l'habilleuse, 

    le concierge du Casino et deux autres personnes assistèrent à "ce concert privé".

     

     

     

     

    Le Fouquet's

     

      

     

     

    Le Fouquet's


    Fouquet’s par le chanteur D. Lavoie 


    Je t’ai vue talkin au Fouquet’s,
    Ta tasse de thé et tes baskets.
    Je t’ai vue talkin ou Fouquet’s.
    T’avais si peur d’avoir le hoquet’s
    Que tu buvais ton thé à l’assiette
    Et tu gênais les plans
    Du beau beau mec
    Qui te promettait plein….

     

     

     

     

     

    « LES HANJumbo du cauchemard au rêve... »
    Google Bookmarks

  • Commentaires

    1
    Samedi 23 Mars 2019 à 11:01

    Je suis déjà passée plusieurs fois devant mais jamais rentrée, dommage il va rester fermé plusieurs mois d'après ce que j'ai entendu. 

    Je ne recevais plus la newsletter de ton blog mais je ne viendrai que sur celui-ci. 

    Bon week-end.

    2
    Samedi 23 Mars 2019 à 11:03

    Je ne trouve pas l'endroit pour m'abonner, si je ne reçois pas de mail pour les articles je ne penserai pas à venir voir. 

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :